Article publié le 03/12/2018
L’homme qui rêve d’arrêter de travailler lance une grande opération de crowdfunding
@ Pixabay
Son histoire a ému la France entière. Depuis, les réseaux sociaux se mobilisent et les dons affluent pour qu’il puisse réaliser son rêve.
Nicolas Lacroute a un rêve. Un rêve unique, celui d’arrêter de travailler. Pour ce célibataire de 45 ans, collaborateur dans un cabinet d’expertise comptable, le déclic s’est produit tout d’un coup, un matin : «
Je me suis levé un matin, je crois que c’était un mardi, et je me suis dit qu’il fallait que je donne un sens à ma vie. J’ai alors compris que mon rêve c’était d’arrêter de travailler, pour ne rien faire. Vous savez, je fais un boulot de merde, mon patron est un connard, les clients me pètent les couilles, je passe ma vie à remplir des formulaires, et au bureau toutes les filles ont les cheveux gras et portent des grosses lunettes » nous raconte-t-il. Une histoire poignante et un rêve qu’il décide de partager sur les réseaux sociaux. Bouleversés, les internautes du monde entier le submergent bientôt d’innombrables messages de soutien et d’encouragements, qui le poussent à lancer une grande campagne d’appel aux dons. Pour Camille, étudiante bloquée en sociologie, participer au financement du projet de Nicolas permet d’afficher sa solidarité et de croire en un monde meilleur : «
Je lui ai donné mille euros, ça me fait tellement plaisir de le voir réaliser son rêve ».
Face à cette effervescence, les politiques s’en mêlent et s’emmêlent, au risque de la récupération. Si sans surprise Laurent Wauquiez a une nouvelle fois dénoncé le cancer de l’assistanat, a contrario, Benoît Hamon, qu’on attendait dithyrambique, s’est montré assez amer : «
Si on avait voté pour moi à la présidentielle, avec la mise en place du revenu universel, ce rêve aurait pu devenir une réalité pour tous les Français ! Et là, encore une fois, ça ne va profiter qu’à une seule personne ».
A ce jour l’opération d’appel aux dons a permis de récolter près de trois millions d’euros, qui seront intégralement reversés à l’association de soutien à Nicolas Lacroute, qu’il a lui-même fondée et dont il est le seul membre. Si une telle somme pourrait faire tourner nombre de têtes, Nicolas Lacroute garde la sienne bien sur ses épaules. Interrogé pour savoir comment il entendait désormais occuper son temps libre, il se montre lucide : «
Je suis tellement heureux d’être enfin en mesure de réaliser mon rêve. J’ai prévu de m’investir à fond dans mon activité favorite, c’est-à-dire ne rien faire. Ensuite je pense animer des ateliers à ce sujet, ces derniers temps j’ai été énormément sollicité par les écoles de zadisme, mais également par des directeurs d’universités qui souhaitent intégrer un nouveau module dans les cursus de licences en sociologie, psychologie et histoire-géographie ». Il profite également de l’occasion pour remercier tous les donateurs qui lui ont témoigné autant d’attention et lui ont permis de donner corps à ce rêve : «
C’est complètement dingue, j’ai récupéré tellement de pognon en aussi peu de temps, si j’avais su, j’aurais fait ça vachement plus tôt !».
Si le poète René Char nous disait «
Il n’y a que deux conduites avec la vie : Ou on la rêve ou on l’accomplit », Nicolas Lacroute semble en tous cas avoir réussi à concilier les deux.