Article publié le 18/10/2018
Il utilise un stabilo orange et devient un maître de l'art contemporain
@ Pixabay
Les œuvres de Jean-Pierre Poulet seront exposées ce week-end à la Foire internationale d’art contemporain (FIAC) de Paris. L’occasion pour le Journal du Slip de revenir sur le destin hors-norme de cet homme que rien ne destinait pourtant à devenir artiste.
Incontestablement, les œuvres de Jean-Pierre Poulet, Jean-Pierre Poulet de son vrai nom, seront les principales attractions de la FIAC, qui se tient à compter d'aujourd'hui et jusqu'au 21 octobre, dans l’enceinte majestueuse du Grand Palais. Un lieu à la (dé)mesure du talent de cet inclassable artiste.
Un véritable conte de fées, pour celui qui, il y a encore un mois, était responsable de la comptabilité fournisseurs au sein d’une agence de voyages à Paris. Stéphane Pichon, un de ces anciens collègues, nous raconte comment tout a commencé : «
Jean-Pierre, enfin JPP, comme on l’appelait pour déconner, il était parti à la salle d’impression pour récupérer un listing de factures, et il cherchait un stabilo pour surligner des trucs dessus. Et il y avait un stabilo orange, là, qui traînait sur une table. D’habitude, personne n’utilise le orange. On utilise le jaune, le bleu ou le vert, le rose à la rigueur, quand on est une gonzesse ou quand on est un peu pédé, mais jamais le orange, la couleur est trop dégueu. Mais lui, Jean-Pierre, il s’en fout, il le prend et il se met à gribouiller sur une page blanche pour voir s’il y avait encore de l’encre à l’intérieur ».
C’est alors que tout bascule. Hiroshi Yakitora, propriétaire d’une influente galerie d’art du 6
ème arrondissement de Paris, allait sortir de l’agence lorsqu’il remarque la feuille laissée là par Jean-Pierre Poulet. «
J’ai tout de suite été époustouflé par son travail. Cette approche tellement peu académique, cette exubérance, mais avec une telle tenue, et ce choix audacieux dans la recherche des couleurs. Je lui ai demandé ce qu’il comptait en faire, et il m’a répondu avec toute l’humilité de l’artiste encore inconscient de la puissance de son œuvre « bah, rien ». Quand je pense qu’après l’avoir mise en boule il a failli la jeter ! ».
C’est immédiatement l’effervescence dans le microcosme parisien de l’art contemporain, et tout ce que la ville compte de collectionneurs se précipite dans la galerie d’Hiroshi Yakitora, pour admirer la fameuse œuvre baptisée pour l’occasion
« Orange pressée
». Une notoriété soudaine qui parvient jusqu’aux oreilles de Bernard Arnault, qui aurait ainsi acquis l’œuvre pour un montant pour l’heure non dévoilé, mais qui, selon notre source chez Facebook, avoisinerait les quarante millions d’euros. En attendant de pouvoir peut-être un jour s’offrir une de ces œuvres, tout un chacun pourra venir admirer à la FIAC l’intégrale de la collection dite des Feuilles : feuille froissée, feuille tâche de café, feuille sauce chili… Une occasion unique de saisir toute la richesse et l’incroyable complexité de l’œuvre de cet artiste hors-normes.
Le principal intéressé, lui, cultive la discrétion. A notre étonnement concernant l’utilisation d’un pseudonyme, il répond très simplement : «
J’ai choisi le pseudonyme de Jean-Pierre Poulet, en référence à mon vrai nom, qui est Jean-Pierre Poulet. C’est pour moi l’occasion de séparer l’artiste, de l’homme que je suis par ailleurs ». Il habite toujours dans le même appartement dans un immeuble moderne du sud-ouest parisien, et ne compte ni en partir, ni même investir dans un véritable atelier. En dépit de sa célébrité, ses voisins ne semblent pas impressionnés outre-mesure. A l’évocation de son nom et de son œuvre, ils avouent «
ne pas le connaître » et par ailleurs «
n’en avoir rien à branler »