Article publié le 07/01/2019
Le street artist Banksy investit Rueil-Malmaison
@ JDS
Avec "Become", le street artist le plus anonyme du monde livre une oeuvre minimaliste, brute et puissante, et prouve une nouvelle fois toute l'étendue de son talent. Un retour aux sources underground pour celui qui nous invite désormais à nous interroger sur notre propre devenir.
Banksy aurait-il décidé de mettre entre parenthèses ses travaux d'activiste pour se consacrer à des oeuvres plus spirituelles ? C'est en tous cas ce qui se murmure dans le monde de l'art contemporain à l'évocation de la dernière performance de l'artiste britannique.
Sylvain Mouton, critique à Télérama, partage également cet avis. "
Banksy s'est lassé des incessantes critiques qui ont suivi ses dernières oeuvres anticapitalistes. Il a ressenti le besoin de revenir à ses fondamentaux, un style brut tel qu'il l'a connu dans le Bristol des années 80, en l'associant à un message spirituel porteur d'une forte puissance évocatrice. Si elle n'est pas sans rappeler le pochoir de Mattéo, élève de CM1 à l'école Charles Péguy, sur le thème "Découvrir l'anglais", Become reste une oeuvre sidérante de beauté, qui nous interpelle sur le sens même de notre existence. Ce bloc de béton brut, c'est notre vie. De quelle manière allons-nous la façonner ? Banksy nous interroge sur notre propre devenir et nous invite à mener notre quête de Soi ".
Si l'oeuvre a largement été acclamé par la critique et le public, elle a cependant pu en dérouter certains. A commencer par Patrick Ollier, le Maire de Rueil-Malmaison. Alors en visite sur le chantier du futur siège de la société Danone, à deux pas du lieu où l'oeuvre est exposée, il s'est laissé aller à un cinglant "
Il faudra penser à nettoyer cette merde ", avant que son adjoint en charge des affaires culturelles ne lui précise qu'il s'agissait d'un Banksy, un street artist de renommée mondiale. Le Maire s'est alors félicité de l'attractivité de la ville, tout en rappelant qu'il n'avait cessé d'oeuvrer pour faire de celle-ci une capitale mondiale de la culture et des arts.
Chez les riverains, même les plus septiques semblent désormais convertis. "
Mon balcon donne directement sur le Bansky, pardon, le Banksy. Mon agent immobilier m'a dit que mon appartement avait pris 30 % d'un coup ! Moi qui voulais déménager pour partir à Limoges, je vais faire une super affaire ! " nous déclarait ainsi Gisèle Verbaudet, une habitante de la rue, encore dans l'euphorie de la nouvelle.